Comment réussir le trek Omalo – Shatili
Chhhut, plus un bruit : on rentre dans un lieu secret, loin des sentiers battus : le trek Omalo Shatili. On t’emmène ? C’est là, aux confins de la Géorgie du nord-est que l’aventure commence. Nous voilà sur le très beau trek Omalo – Shatili, entre 2 régions du Caucase : la Toutchétie et la Khevsoureti, 2 régions « brutes » et préservées. Elles sont si difficiles d’accès que l’on semble pénétrer dans un sanctuaire naturel et fascinant. Phobique des grands espaces ou accro à la 4G , s’abstenir. Retour aux choses simples.
Pourtant, ces régions reculées s’animent un peu en été : quelques rares randonneurs mais surtout la vie pastorale qui perdure et fait venir les bergers et leurs troupeaux dans les magnifiques prairies alpines.
On est tout près de la Russie qui se trouve là, juste derrière ces magnifiques montagnes enneigées et on suit en parallèle le tracé de sa frontière. Le chemin ancestral de berger passe par plusieurs villages traditionnels avec ses tours défensives si surprenantes et bien conservées. Chaque village a ses particularités et c’est avec plaisir que l’on découvre au détour d’un virage du chemin une nouvelle tour. On finit d’ailleurs à Shatili, inscrit au patrimoine de l Unesco, très joli village où l’on peut déambuler dans ses ruelles et même rentrer dans ses maisons.
Bah pour te rendre au départ du trek Omalo Shatili, tu fais comme tout le monde, tu prends l’hélicoptère Tbilissi-Omalo. Ah… tu n’as pas le sous ? Bon et bien il faut alors d’abord te rendre à Alvani. C’est accessible en taxi mais aussi en bus local qui part de la gare routière d’Ortachala à Tbilissi à 9h du matin et arrive deux heures plus tard à Alvani (prix 8 GEL).
De là, au carrefour (il y a une épicerie), tu trouveras une ou deux jeeps qui attendent les randonneurs du jour. En négociant, le voyage coûte en moyenne 50 Gel par personne vers Omalo.
Si tu n’en peux plus d’attendre et que tu es pressé d’en découdre avec la montagne, tu peux proposer au chauffeur « d’acheter » les places vides. Si tu trouves le prix excessif, tente de faire jouer la (rare) concurrence, ou attend : s’il n y a pas d’autres randonneurs qui arrivent, le chauffeur peut accepter de baisser le prix plutôt que de partir à vide. Sinon, tente le coup de chance : parfois, un habitant d’Omalo vient faire ses courses ici et peut t’emmener pour un prix plus bas.
Bref, une fois embarqué dans ton 4×4, c’est parti pour 5h de route minimum. mais malgré tout c’est assez confortable. ça passe vite avec la beauté de paysages et surtout c’est excitant de s’éloigner du « monde urbain » avec ses feux rouges, ses grondement de circulation et ses bousculades aux heures de pointe.
Le mieux est Juillet Août. c’est là que le chemin est le plus praticable, sans neige et le niveau d’eau est plus bas lorsqu’il faut traverser à gué les rivières. Mais c’est aussi durant ces mois où tu croiseras le plus de randonneurs. Bon enfin, ça reste tout relatif et peu fréquenté ! Tu peux donc tenter le trek Omalo Shatili à la fin du mois de juin ou en septembre. Hors cette période estivale, cela est compliqué voire risqué. Du reste, il est possible que les gardes aux postes frontières refusent l’accès s’ils estiment que le chemin est impraticable.
Personnellement, sur les 15 jours dans les montagnes du Caucase en août, on a dû avoir à peine 2-3h de pluie. Le reste fut grand soleil et très souvent du ciel bleu !
En quelques mots, te voilà parti pour + ou – 5 jours de trek, 80 km de longueur, un col à 3400 m (pass Atsuna).
« A quoi bon soulever des montagnes quand il est si simple de passer par dessus ? »
Boris Vian
L’ensemble pourrait être d’une difficulté moyenne mais il faut être habitué au bivouac sauvage (très peu d’hébergements possibles en route) et à l’inexistence de ravitaillement sauf au départ et à l’arrivée. On gagne en élévation progressivement jusqu’au col au 2/3 du parcours.
Bon, sinon, ce trek Omalo Shatili est magnifique et isolé. Je l’ai déjà dit je crois ?
Le point de départ, Omalo est un village trés agréable. Les environs sont superbes et les premiers km émerveillent. Après, une dizaine de km, on se retrouve à descendre vers Dartlo pour rejoindre une piste de jeep en fond de vallée.
Honnêtement, ce n’est pas ce qu’on a préféré. Si c’était à refaire, on bifurquerait au 5ème km vers Ghele (c est bien indiqué !), un chemin qui monte par la crête qui doit offrir des vues superbes.Le tracé suit en parallèle le chemin traditionnel en contre bas. Par cette voie, on ne passe pas par Dartlo et on rejoint le chemin traditionnel à Parsma. Le souci pour cette variante est l’eau ! prévois en conséquence…
Parsma, que l’on atteint souvent en J2 est un endroit parfait pour une pause déjeuner ou un bivouac. C’est un joli village avec des tours hautes. Et puis plus loin, se finit la piste de jeep ! Aleluia ! La partie la plus sauvage commence et on continue de grimper gentiment en suivant la rivière Alazani.
Un peu plus loin à Girevi (environ J3), on croise le 1er poste garde-frontière. Bon, tu as tout en règle n’est-ce pas ? Alors tu auras le droit à un « permis de passer » à garder jusqu’au bout et à présenter à chaque garde. Rigole pas avec ça ! Bon en fait, sous leurs airs peu commodes, ils sont assez tranquilles ces garde-frontière, habitués aux randonneurs et ne posent pas de soucis. On a même rencontré un trio de randonneurs qui se sont vu offrir des verres de chacha et un toit pour la nuit.
Un peu plus loin, la vallée d’Alazani se sépare en deux. Il faudra suivre à contre-courant la rivière Kvakhidisitskali (vallée à droite). C’est excitant tout ça non ? (Je sais pas pourquoi je viens d’écrire cette phrase. Oublie. Surement l’évocation de noms imprononçables ou d’une vallée plus étroite, perdue, m’emballe.)
A j4 environ, on traverse une première fois la rivière par une passerelle. La deuxième fois c’est avec tes ptites jambes ! Parfois, il y a des bergers à cheval qui te proposent, moyennant finance, de te faire passer. Pourquoi pas : la rivière est assez profonde, froide et le courant menaçant. Quand nous y sommes arrivés (en août), il n’avait pas plu depuis un moment et la traversée semblait réalisable. L’eau monte presque jusqu’au hanche mais avec un peu de prudence, il n’y a pas réellement de danger.
Après cela, la voie à suivre est mal marquée et plusieurs possibilités s’offrent à nous. Il faut être attentif, bien regarder la carte / son gps ou suivre un groupe de randonneurs avec un guide ou mieux, des bergers qui passent le col ! Au fur et à mesure que l’on avance, la pente se fait plus raide et le chemin plus visible… ça y est, on attaque le col d’Atsuna ! Si, tout comme ma compagnonne de voyage Emilie, tu es atteint d’asthme, je t’invite à lire ses précieux conseils !
Lever de soleil sur le caucase
fin J4 ou J5 (ou plus si tu es flâneur), on descend vers Shatili. La partie après le col est délicieuse ! les yeux sont ravis et on est fier d’avoir passer la difficulté du trek. Elle est pas belle la vie !
Ensuite, les quelques km juste avant d’arriver à shatili ne sont pas top : retour au fond de vallée. Mais cela est vite effacé par le magnifique village de Shatili. Une ensemble architecturale émouvant. ici, retour à la civilisation : on trouve de touristes venus véhiculés. Mais qu’importe ! L’endroit est déroutant. Une épicerie, possibilité de restauration et d’hébergement.
1 . Omalo Shatili à pied
2 . Shatili Roshka en auto-stop
3 . Roshka Juta à pied
4. Juta Stepansminda et le mont Kazbegi en auto-stop
Il faudra transporter toute ta nourriture : pas de ravitaillement avant Shatili. Tu t’es cru où mon ami ? Pour les non initiés aux marches légères, on conseille le lyophilisé. C’est un peu cher mais ton dos nous remerciera.
L’eau ne manque pas sur le trek Omalo Shatili, puisqu’on suit une rivière la plus part du temps. Il faudra éventuellement la filtrer et souvent la désinfecter. Par contre, si tu choisis de quitter le trek traditionnel parce que tu veux prendre de la hauteur et éviter des km sur la piste de jeep (lors des 2 premiers jours), tu peux opter pour un chemin parallèle qui passe par les crêtes. Là, l’eau devient un problème et il faudra en prévoir en quantité suffisante pour le temps estimé sur la crête.
Bon, si j ai ajouté la question sur le feu ce n’est pas innocent. Pour ce trek, on a choisi d’enlever un maximum de futilités : notre sac était déjà alourdi de 11 jours de nourriture (pour rappel on enchaîne Omalo-shatili et Shatili-Juta). On a donc tenté de n’emporter aucun système de cuisson (réchaud, etc). L’expérience était plutôt concluante : sur la quinzaine de jours de trek en Géorgie, nous n avons pas réussi à faire de feu qu’une seule fois (bois trop humides). Sinon, on trouve facilement du bois ou à défaut d’autres combustibles quand le bois manque : des bouses de vaches sèches, des crottins de chevaux… ça parait crade comme ça mais je vous assure que ça marche très bien.
Le chemin est assez bien marqué (on suit souvent une vallée, un cours d’eau, une piste…). On trouve aussi quelques balisages. Cela dit, une carte de la région ou un tracé gps est recommandé ! Personnellement, on a opté pour cette carte :
Voici le tracé gps du trek Omalo Shatili :
www.gpsies.com/mapOnly.do?fileId=wvlbpblefmwwkkap
le bon plan consiste à réserver un logement au départ du trek. Je peux t’assurer que passer une nuit confortable avant de te lancer sur ce trek exigeant est une excellente idée ! Du coup, on te conseille une recherche de logement sur ce site : tu trouveras des BnB chez l’habitant ou des petits hôtels aux meilleurs prix. Tu trouveras surement ton logement coup de cœur ❤️ à Omalo.
Bon, ensuite : Pas d’hébergement entre Omalo et Shatili ! tu t’es cru où mon ami ? Tu pensais être sur le trek Mestia – Ushuli (notre itinéraire à lire ici) ?
Cela dit, en vrai, certains villages sont habités en été et on peut demander à être hébergé. A Dartlo, chambre possible en guesthouse avec air’bnb. Tu pourras aussi en trouver quelques unes à Shatili. Voici un lien pour y voir plus claire et réserver en fonction de tes dates.
Mais le port de la tente reste obligatoire sur l’ensemble du trek. On trouve où camper assez facilement. Parfois, il faut oser quitter quelques minutes le chemin pour s’éloigner d’une piste ou prendre un peu de hauteur. Mais dans ce cas, le terrain plat est rare. Une carte topographique est utile ! En tout cas, le trek offre de magnifiques endroits pour bivouaquer :
Oui bah là, tu vas moins rire. Pourtant je, n’ai aucune appréhension des chiens qui sont souvent potes avec moi. Mais là, quand une mâchoire aux dents tragiques viennent claquer à ça de ton mollet préféré, et bien on ne fait plus le malin. Alors, avant le départ, on avait lu sur des forums et livres plusieurs conseils :
En réalité, pour relativiser un peu, les bêtes sont impressionnantes mais les morsures sont très rares à ce qu’on lit. C’est un chien qui défend mais qui n’hésitera pas à te signifier de façon trèèèès persuasive que tu es l’intrus. Sur les 80 km Omalo Shatili, on a dû rencontrer au maximum 5 chiens. Avoir un bâton à interposer entre toi et la bête est rassurant. Mais ne t’en fais pas, on finit par arriver sain et sauf aux différents sommets du trek Omalo – Shatili
Bah en fait, une fois on s’est fait mal voir par la population locale… Pardon ! Sans le savoir, on a pénétré dans une genre de tour encerclée de pierres strictement interdites aux femmes ! Que fais-tu là Emilie ?! Bah j’savais paaaas ! C’était dans un petit village qui semblait abandonné à première vue. Honnêtement on s’est senti mal à l’aise.
Il y a plusieurs sites de ce genre un peu à l’écart du trek Omalo Shatili. Alors sois attentif parce que rien n’indique que c’est un lieu sacré ou interdit…
Là je laisse Emilie vous raconter son expérience savoureuse de ce breuvage enivrant ! C’est à lire ici !
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Mots clés : trek Omalo – Shatili, Omalo, Shatili, trek Caucase, trek Géorgie
article mis à jour le 9 juillet 2020 19:26
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Super récit !
Merci ! j espere que ça t'a donné envie de faire ce magnifique chemin de randonnée en Géorgie. Ou peut être l'as tu déjà fait ?
Merci de votre réponse. Je suis bloqué en Géorgie, tous les vols sur la France sont annulés à cause de coronavirus. Alors j'ai tout mon temps. Je travaille à la mise à jour du guide Peuples du Monde sur la Géorgie et je vais recommander dans la prochaine édition la lecture de ton blog.
Amicalement
Avec plaisir pour cette citation, merci beaucoup !
Bon courage pour les annulations de vols et profite bien en Géorgie. N hésite pas si tu veux apporter des précisions sur le trek omalo shatili... :)
je ne trouve pas Ghele sur la carte
Bonjour ! Alors Ghele est un lieu dit qui se trouve à 4-5 km après le départ. Juste apres Ompalo, tu dois grimper pas mal, on passe souvent en foret. et au bout de 4 - 5 km on passe sur une partie oplus dégagée, plutot jolie avec des clairières et des parairies. De là tu trouveras un panneau qui t amène soit directement sur une route de jeep direction dartlo, soit vers les hauteurs : c est un petit détour et il n est pas évident de trouver de l'eau mais le chemin est plus agréable ! Tu trouveras forcément le panneau à la bifurcation.
Bon trek !